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-Tu es bête, David.
Maman se sent seule. C'est pour cela qu'elle t'a. Ce fut l'esprit en
joie qu'Henry Swinton attrapa l'express pour rentrer à la maison; de temps
à autre il adressait même un mot au domestique synthétique qu'il ramenait
avec lui. Le serviteur répondait poliment, avec exactitude, bien que ses
réponses ne fussent pas toujours appropriées aux normes humaines. |
Il
ouvrit la porte pour appeler Monica. Elle sortit aussitôt du salon et le prit par le cou, l'embrassant avec ardeur sur les joues et les lèvres. Henry était stupéfait. Il recula pour lui regarder le visage et vit comme elle paraissait irradier la lumière et la beauté. Il y avait des mois qu'il ne l'avait vue si animée. D'instinct, il l'étreignit plus fort. -Que t'est-il arrivé, ma chérie? -Henry, Henry... Oh! mon chéri! J'étais au désespoir... Mais j'ai appelé le bureau de poste dans l'après-midi et... tu ne le croirais jamais! Oh! c'est merveilleux! -Au nom du ciel, femme, qu'y a-t-il de si merveilleux? Il aperçut l'en-tête du photostat qu'elle tenait à la main, encore tout humide à la sortie du distributeur mural: Ministère de la Population. Il sentit les couleurs se retirer de ses joues, sous la soudaineté du choc et de l'espoir. -Monica... oh!... Ne me dis pas que notre numéro est sorti! -Si, mon chéri, si. Nous avons gagné à la loterie du mariage cette semaine! Nous pouvons nous y mettre et concevoir immédiatement un enfant! Il poussa un hurlement de joie. Ils se mirent à danser autour de la pièce. La pression du surpeuplement était telle qu'il avait fallu imposer des contrôles sévères à la reproduction. Toute procréation dépendait d'une autorisation gouvernementale. Il y avait quatre ans qu'ils attendaient cet instant. Ils criaient leur bonheur en paroles incohérentes. Ils s'arrêtèrent enfin, le souffle court, et restèrent au milieu de la pièce, à rire chacun du bonheur de l'autre. Quand elle était redescendue de la nursery, Monica avait désopacifié les fenêtres, si bien qu'elles révélaient maintenant le panorama du jardin. Le soleil artificiel dorait le gazon et projetait maintenant des ombres plus longues... David aussi bien que Teddy les regardaient fixement par la fenêtre. En voyant leurs visages, Henry et sa femme reprirent leur sérieux. -Qu'allons-nous faire d'eux? demanda Henry. -Pas de difficulté pour Teddy. Il fonctionne bien. -David fonctionnerait-il mal? -Son centre de communication verbale lui cause encore des difficultés. Je pense qu'il lui faudra une fois encore retourner à l'usine. -Bon. Nous verrons comment il se comportera d'ici la naissance du bébé. Ce qui me rappelle que j'ai une surprise pour toi: de l'aide juste quand nous allons en avoir besoin! Viens voir dans le vestibule ce que je t'ai ramené. Quand les deux adultes eurent disparu de la pièce, le garçonnet et l'ours s'assirent sous les rosiers grimpants. -Teddy... Je suppose que maman et papa sont réels, n'est ce pas? Teddy répondit: -Tu poses des questions si sottes, David. Personne ne sait ce que "réel" veut dire en réalité. Rentrons. -Tout d'abord, je prends encore une rose! Il arracha une fleur d'un rose éclatant qu'il emporta dans la maison. Elle reposerait sur son oreiller quand il s'endormirait. sa beauté et sa douceur lui rappelaient maman. |
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"Des jouets
pour l' été"; de Brian W. Aldiss, tiré du recueil "L'Instant de l'éclipse":
Éd. Denoël, collection "Présence du futur". Traduit de l'anglais par Bruno
Martin. |
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