Viktor Navorski est l'un de ces milliers de touristes, venus des quatres
coins du monde, qui débarquent chaque jour à
l'Aéroport JFK de New York.
Mais, à quelques heures de son arrivée, voilà qu'un coup d'Etat bouleverse
sa petite république
d'Europe Centrale, mettant celle-ci au ban des nations
et faisant de Viktor... un apatride. Les portes de l'Amérique se ferment
devant lui, alors même que se bouclent les frontières de son pays : Viktor
est bel et bien coincé...
Conscient que son
séjour risque de se prolonger indéfiniement, Viktor
s'improvise une nouvelle vie dans le Terminal de JFK. Tandis que les jours,
les semaines et les mois s'enchaînent, l'exilé découvre un monde surprenantt
où cohabitent méfiance et bureaucratie tatillonne, systhème
D, absurdité,
générosité, ambition, amour, entraide et amitié... |
Studio Magazine (N°204 septembre 2004)
Une fable sur le rêve
américain exaltée par un Tom
Hanks au top.
S'il est une chose que Steven Spielberg aime - et sait - faire, c'est
toucher le public au coeur. Avec LE TERMINAL, il reprend des thèmes
qui lui sont chers, d'E.T. à IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN, et
nous raconte l'impossible retour au pays d'un apatride temporaire, obligé,
faute de visa, d'élire domicile dans la zone de transit de
l'aéroport
JFK à New-York. Dans le rôle, Tom Hanks, dont on pouvait
penser qu'il avait atteint le sommet avec sa performance
azimutée
dans LADYKILLERS, montre qu'il est encore loin d'avoir épuisé
ses ressources.
Maîtrisant un nouvel
acccent, il livre une interprétation
habitée de cet homme qui n'a pourtant ni défaut ni failles.
Les qualités poignantes
d'humanisme, de grâce et de modestie
qu'il lui donne font oublier les aspects peu vraissemblables de l'intrigue,
comme la
facilité avec laquelle celui-ci apprend l'anglais ou trouve
un travail dans l'aéroport. Il y a du Chaplin chez Tom Hanks !
Du coup, le spectateur ne peut que s'identifier à ce personnage
qui fait le bien autour de lui. LE TERMINAL, dont la filiation avec
l'oeuvre
de Frank Capra est manifeste, peut paraître désuet par son
optimisme à tous crins et son exaltation de l'amitié et
de la solidarité. Pour autant, il ne faut pas se priver de faire
une lecture plus poussée du film. Car, derrière son apparente
candeur, cette fable pulvérise le rêve américain et
expose, en ces temps de paranoïa sécuritaire, les sentiments
confus des habitants de la première puissance mondiale vis-à-vis
des "étrangers". Une fois encore, Spielberg prouve qu'il
est
un des meilleurs conteurs d'histoires au cinéma. Même
les cyniques auront du mal à résister !
Sophie Benamon
Ciné Live (N°82 septembre 2004)
Attention, ceci n'est pas un film de Spielberg, mais un film de Tom
Hanks,
nuance. Une sucrerie au parfum de fable, un poil chargée mais bien
agréable en bouche.
On devrait toujours
se renseigner sur le planning prévisionnel
des coups d'Etat dans son pays avant de prendre l'avion pour les States.
Surtout
quand on demeure en Krakozie, contrée slave (tout autant
qu'imaginaire) au gouvernement instable. Ça peut être génant.
C'est
ainsi que Viktor , Krakozien grand teint, débarque sur le
tarmac de New-York pour découvrir qu'un putsch a rayè la
Krakosie de
l'Atlas. Officiellement, Viktor n'existe plus, son visa n'est
plus valide, son passeport n'a plus de valeur, il ne peut ni entrer aux
Etats-Unis ni retourner chez lui. Il est coincé. "Vous pouvez
rester dans le termianl, c'est tout", explique le directeur de
l'aéroport
(Stanley Tucci, martial) à l'apatride qui comprend un mot et demi
d'anglais. Robinson échoué sur un îlot habité
par une peuplade aux rites et au sabir obscurs, Viktor s'improvise une
nouvelle vie. Apprend l'anglais grâce à CNN, a le
beguin
pour une hôtesse de l'air et campe dans une aile désafectée,
surveillé comme un rat de laboratoire par les gradés du
termianl qui se demandent pourquoi diable il n'essaie pas de s'évader.
Parce que Steven Spielberg se prend pour Frank Capra
et que Tom Hanks
fait un James Stewart idéal, voilà pourquoi ! En conséquence,
le héros respecte scrupuleusement la loi, fait
des choses splendides
et impossibles, tandis que la mise en scène de Spielberg s'efface
derrière la composition de Tom Hanks,
formidable dans le rôle
du candide immergé dans une Amérique en réduction
étouffée par sa bureaucratie. De cet homme ordinaire
au
charme ineffable, qui ravit et captive par mille détails anodins,
Spielberg ne peut pourtant s'empêcher d'en faire un
justicier confit
dans les bons sentiments. Dépourvu de cette féerie satirique
propre aux films de Capra, LE TERMINAL patine un
chouïa dans une
guimauve moralisatrice avant de reprendre son équilibre. C'était
de justesse.
Sandra
Benedetti.
Première (N°331 septembre 2004)
Expulse-moi si tu peux. Inspirée de
l'expérience vécue
par un Iranien qui réside depuis seize ans à Roissy, l'histoire
de TERMINAL a été coécrite par Andrew
Niccol. Rien
d'étonnant donc à ce que l'on retrouve en Viktor Navorski,
personnage vierge attendant de découvrir le (nouveau)
monde et
de gagner sa liberté aux dépens d'un démiurge manipulateur,
la patte de l'auteur de THE TRUMAN SHOW et S1M0NE.
LE TERMINAL est aussi et avant tout un film Spielbergien, sorte de négatif
d'ARRETE-MOI SI TU PEUX. SI ces deux comédies
mélancolico-humannistes
appartiennent à la veine de Frank Capra du cinéaste, leur
schéma est inversé: ARRETE-MOI... suivait le
parcours d'un
escroc poursuivi par le gouvernement à travers les Etats-Unis;
LE TERMINAL suit celui d'un honnête homme,
cloîtré
à l'entrée des Etats-Unis, dont les autorités veulent
se débarasser. Le premier illustrait la vision d'un réalisateur
juvénile et fougueux, ce film-ci celle d'un papa raisonnable, voire
un peu pépère, mais toujours aussi virtuose et attachant.
Comme d'hab avec Spielbereg, un poil de complaisance côtoie plein
de petites idées de mise en scène à grands effets.
Cela dit, son optimisme se teinte de nuances (de plus en) plus sombres.
Ainsi derrière les thèmes habituels (famille de substitution,
rapport au père, regard enfantin au monde) se profilent la vision
d'une amérique terre de fantasme eux fondations sclérosées
(ah, le protectionnisme ricain !) et un sens de l'abnégation face
aux aléas de la vie assez inédits. Associées à
des acteurs
parfaits, cette richesse thématique et émotionnelle
fait du TERMINAL un des Spielberg les plus drôles et les plus touchants.
Nicolas Schaller
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